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ETAPE 1 : WEISLINGEN – CERNAY du 11 au 19 mars (203 km) (= Petit départ)
Samedi 11 mars Weislingen – Saverne (8h > 16h30 / 30 km)
Petit départ et petit contretemps pour commencer : oublié de faire tourner le lave-vaisselle. Malgré un lever dynamique à 6h30, départ retardé à 8h. Beau soleil.
En bas de la pente qui mène à Tieffenbach, premier clin d’œil : l’enseigne Start sur la façade d’un immeuble (je n’en avais jamais pris conscience).
Comité de soutien au Donnenbach avec café-croissants. Photo coquille, puis montée vers La Petite Pierre. Arrivée à 10h45 : tout baigne!
Chemin entre La Petite Pierre et Oberhof très encombré (arbres tombés, ornières, trous cachés par feuilles et brindilles), ce n’est pas agréable du tout. Et là, premier avertissement : je me suis pris le pied dans une ornière emplie de boue et de feuilles. Douleur fulgurante dans le genou droit : déjà fini le Chemin de Compostelle ? Pas de panique, je décide de faire la pause de midi plus tôt que prévu puis massage à l’huile d’arnica. Puis poursuite sur la route déjà bien parsemée de cadavres de batraciens malgré les filets posés de part et d’autre de la route.
Oberhof vers 13h40. Pause de 20 mn avant d’attaquer le Col de Saverne. Arrivée à Saverne à 16h30 (autre clin d’œil : un panneau Louise Ruh) ; j’ai même le temps de faire tamponner ma crédenciale à l’Office du Tourisme.
Super accueil de Louise, lessive, thé, quatre-quart, bain à la sauge et briochettes à la feta.
Dimanche 12 mars Saverne – Marlenheim(9h > 16h30 / 25 km)
Louise m’a accompagnée jusqu’à la sortie de Saverne vers Gottenhouse. Beau temps. Route médiocre car itinéraire cyclable. Tronçon de GR entre Romanswiller et Wasselonne (petit roupillon sur un banc !). Pas facile de trouver le balisage Wasselonne-Marlenheim. Mais agréable surprise : petit sentier embaumant la violette avant d’arriver dans les vignes surplombant Marlenheim.
Accueil enthousiaste avec photo rue des Roses où Michèle et Valérian m’avaient caché qu’ils fêtaient les 40 ans de Marie, leur fille et amie de Estelle qui m’a mise en relation avec eux. Connaissance avec toute la famille et papotage ; Valérian, d’origine ukrainienne, peint des œufs de Pâques et il est en pleine période de production, d’exposition et d’ateliers d’animation. Les petits-enfants reprennent le flambeau ainsi que le compagnon de Marie. C’est Michèle qui est à l’origine de cette activité.
Réveil à 8h, après une bonne nuit. Petit déjeuner tranquille. Déballage du sac et troc du sur-pantalon et du sur-sac contre une pèlerine. Michèle et Valérian ont décidé de m’accompagner sur la route d’Ergersheim en musardant dans le vignoble. Petit vent frais mais temps splendide. Pause-café sophistiquée (réchaud à gaz).
Arrivée à Altbronn : magnifique puits fermé en plein champ et église. Pique-nique à Altbronn et là, surprise : Michèle sort une bouteille de Saint-Amour de son sac à dos (que nous avons vidée à 3 !!!). Première expérience pour moi en pleine randonnée ! Montée vers le Horn, puis pause-café où Valérian a dessiné un coq sur ma crédenciale en lieu de tampon, et descente sur Wolxheim pour rejoindre la piste du Canal de la Bruche où nos chemins doivent se séparer. Petite ombre au tableau : Valérian a mal à sa sciatique.
Adieux sur le pont de Wolxheim : Michèle me donne ses embouts de bâtons car j’ai oublié les miens à Weislingen. Il est 15h. quand j’arrive à Ergersheim et la chance continue de me sourire : la mairie habituellement fermée le lundi est exceptionnellement ouverte aujourd’hui. Tamponnage de la crédenciale, et maintenant, il me reste à attendre dans le parc. Pas de bistrot. Je suis attendue à 18h15.
Je vais reconnaître le chemin pour demain. Sortie de la ville nauséabonde (poulets Bruno Siebert), sentier quelconque à travers champs, puis bout de route vers le Dompeter et là, petite émotion, mon premier panneau avec coquille. Prise de quelques photos pour gagner du temps demain et retour chez Florence et Dominique : circulation dense et bruyante. Au bout de la rue, zut, il n’y a pas de n°141 ! Les rues ont été renommées mais je trouve quand même.
Chez Florence et Dominique (anciens parents d’élève lorsque j’étais au Conseil des XV à Strasbourg), douche, installation dans la chambre d’Elisabeth (mon ancienne élève), apéro, repas et conversation à bâtons rompus sur les enfants, les connaissances, les motivations, les expériences etc… Coucher à 22h45.
Mardi 14 mars Ergersheim – Mont Sainte-Odile (8h15 > 17h30 / 23 km) (anniversaire de maman)
Brume de beau temps, trajet pas génial jusqu’à la sortie de Dorlisheim (aujourd’hui, j’étais d’humeur rebelle et je n’ai pas suivi le guide !). Premier pèlerin vu de loin à la sortie de Dorlisheim. Montée et descente dans le vignoble avec un soleil de plus en plus présent, impossible de faire des photos (brume de beau temps). Sur Rosheim, je dépasse le pèlerin. Traversée de Rosheim (toujours sans guide) en me fiant à mon sixième sens (chose à ne pas faire en général). Finalement, je retrouve le chemin avec coquille et Siegfried qui, lui, naturellement suivait scrupuleusement son guide rouge “Der Jakobsweg” depuis Francfort. Après une petite séance photo sous le premier panneau avec indication kilométrique vers Compostelle, nous unissons nos deux guides pour sortir de Boersch, où des habitants facétieux essaient de détourner l’attention des pèlerins par des pancartes fantaisistes. A la sortie de Boersch, je m’accorde une pause-repas et Siegfried continue. Paysage idyllique, anémones, violettes, perce-neige, ruisseau gazouillant à l’eau limpide, chant des oiseaux (je me suis prise à imaginer ce que m’aurait inspiré ce même paysage la semaine dernière sous la pluie !).
Ottrott et là, bêtement, je remets mon guide dans la poche pour suivre l’itinéraire du Club Vosgien (encore une chose à ne pas faire sans carte !!!). Et me voilà partie pour 3 heures d’errance (pour info : il ne m’en restait que deux à la pause de midi…). Pour aller à Ste Odile, chose très simple par le sentier des Pèlerins ; je suis passée par les châteaux d’Ottrott, le Hagelschloss, le Dreistein, le Mur des Païens pour arriver, exténuée, à la prairie de Ste Odile où je me suis affalée dans l’herbe (en même temps, je me passais le même film sous la pluie !). Au bout d’une demi-heure de repos pieds à l’air, et de discussion avec des promeneurs, je me suis décidée à gravir la dernière pente et les marches restantes…et un Siegfried flamboyant m’a ouvert la porte de l’hôtel. Tamponnage de la Crédenciale. Belle surprise de la chambre, spacieuse, claire, fonctionnelle : lessive, douche, yoga pour remettre mes pauvres membres en état puis promenade dans le site. Avant le repas du soir, magnifique coucher de soleil sur les monts alentour et grand silence quand la nuit tombe. Repas en tête-à-tête : Siegfried passe par le Puy-en-Velay et a laissé sa femme, qui travaille encore, à Francfort. De toutes façons, elle aime les hébergements plus sophistiqués. Extinction des feux à 21h30.
Mercredi 15 mars Mont Sainte-Odile – Bernardvillé (10h > 15h15 / 16 km)
Grand soleil inondant la chambre. Petit-déj. à deux. Séance photos et messe des Laudes pour moi. C’est la première fois que je vois le prêtre officier parmi l’assemblée. Siegfried est parti pour Châtenois et moi, je me prépare pour Bernardvillé. J’ai bien du mal à quitter Ste Odile. Mais bon, à 10h je démarre tout en lenteur. Descente jusqu’à Barr à travers la forêt qui s’éveille au printemps. Traversée de Barr, direction Andlau : succession de montées-descentes dans le vignoble avec un grand soleil et un petit vent frais. Sur l’autre versant au contraire, pas un souffle de vent. Grignotage de midi sur un banc-reposoir, pieds à l’air, et traversée d’Andlau, magnifique village avec son abbaye Ste Richarde et ses maisons aux styles multiples.
Dernière étape : Bernardvillé. Une montée boisée qui n’en finit pas en sortant d’Andlau , rencontre avec des randonneurs qui ont fait Compostelle en sept.-oct. côté Atlantique et ravis. Puis c’est la redescente vers Bernardvillé, niché au creux d’un vallon et entouré de vignes. On est ailleurs !! Dans le soleil, on devient sensible au graphisme des rangées de vignes hachurées de fils de fer étincelants à la lumière. C’est le silence total ponctué ça et là d’un claquement sec de sécateur. Les viticulteurs sont tous de sortie pour les travaux de taille et de ligaturage. De temps en temps, un insecte vient bourdonner autour de moi. Je marche et j’écoute et je regarde et je respire et je me sens bien ! Arrivée à l’Abbaye de Baumgarten, chambre n°3, installation et découverte de la production de fruits et légumes déshydratés ainsi que divers produits, dont du miel de …Dorothée, notre apicultrice locale. Douche, petite lessive, relaxation, pas de réseau téléphonique. Je m’apprête à aller aux Vêpres à 17h15.
Les moniales ont fait vœu de silence et n’ont la permission de parler que pour le fonctionnel. Aux Vêpres, onze moniales sur 14. Au début, ce n’étaient que raclements de gorge et le premier psaume sonnait un peu comme un disque rayé. Puis les choses se sont mises en place, les voix sont devenues plus légères, plus cristallines, plus fluides. Au bout d’une demi-heure, fin du service.
Repas du soir : seule dans la salle à manger, beaucoup de semoule (soupe, soufflé, flan !). Discussion avec sœur Elisabeth et une autre sœur qui m’ont raconté avec nostalgie leur déménagement d’Ergersheim (trop bruyant, trop grand, âge avancé des 14 moniales, problème des vocations). Puis j’ai fait ma vaisselle. Sœur Elisabeth a préparé la table du petit déjeuner pour deux : j’ai appris alors que je déjeunerai avec le Père Gaël qui célèbre la messe du matin.
Jeudi 16 mars Bernardvillé – Saint-Hippolyte (9h > 15h / 22 km)
Ce matin, lever à 6h30, douche, rangement, Eucharistie (sermon à partir de la chanson de Michel Polnareff, “Nous irons tous au Paradis” ==> petits rires dans l’assistance des bonnes sœurs) et petit-déjeuner avec le Père Gaël, jeune père trappiste normand venu en remplacement pour 2 mois du prêtre titulaire malade d’un cancer. Discussion sur l’autorité (apprendre à grandir), partage du beurre (qui ne m’était pas destiné), corvée de vaisselle faite spontanément par lui.
9h départ pour Châtenois à travers le vignoble. Ça m’a semblé moins bucolique que les jours précédents (effet de saturation ?) et ça ne sentait pas bon. Toujours autant de monde dans les vignes et quelques marcheurs. Soleil éclatant. Je me suis reposée une heure à Kintzheim au pied de la Montagne des singes. J’ai repris le chemin et toute étonnée, je suis arrivée à Saint-Hippolyte à 15h. Mon hôtesse m’a très bien reçue, a tamponné mon crédencial et donné des images pieuses et trois pommes. Puis elle m’a laissée dans mon gîte après m’avoir offert de m’apporter le petit déjeuner et indiqué le traiteur pour mon repas du soir. J’ai fait mon repas de “midi” à 17h et quelques courses pour la route demain. Une bonne tisane et au lit à 21h.
Vendredi 17 mars Saint-Hippolyte – Colmar (8h15 > 16h30 / 24 km)
Soleil radieux, nettoyage du gîte et petit-déjeuner à 7h30. Départ vers Colmar. D’abord un chemin boisé après toutes ces vignes, reposant ! De nouveau des vignes jusqu’à Ribeauvillé où j’ai loupé la balise ==> marche le long de la route vers Hunawihr et errance dans les vignes jusqu’à Riquewihr. Détour par Kientzheim (très joli village valant justement le détour) avant d’arriver sur Kaysersberg et finalement presque retourner sur mes pas pour aller à Ammerschwihr puis Colmar.
Journée pas très plaisante pour la marche mais bel accueil de Pierre-Marie et Aurélien. Grand show de dextérité à une seule main par un Pierre-Marie, papa-nounou et cuisinier. Myriam est arrivée pour le repas et est repartie à un match d’impro. P’tit Aurélien grincheux en soirée car “fait” des dents. Bel appart. près de la gare à Colmar.
Samedi 18 mars Turckheim – Notre-Dame de Schauenberg (9h>16h30 / 24 km)
Réveil à 7h30. Pierre-Marie va chercher des petits pains pour le déjeuner puis m’emmène au point de départ de la journée : Turckheim. Il pleut, je sors donc la pèlerine pour la première fois et l’apprécie bien. Parcours entièrement boisé, parfois glissant.
A Husseren, une dame, Hélène, prof. d’allemand, m’ayant vu venir, m’attendait pour m’inviter à me reposer un peu et boire une boisson chaude. Il est vrai que sous cette pluie, je me voyais mal poser mon sac et m’asseoir pour grignoter. De fil en aiguille, elle m’a proposé de rester pour le repas de midi et nous nous sommes retrouvées à éplucher des légumes dans sa cuisine pendant que ma pèlerine séchait près d’un bon feu de bois. Maison toute illuminée par une peinture orange tonique. Des plantes vertes, des photos qu’elle fait elle-même. Sa fille Pauline (en 6ème), voyant mon Samsung, m’a tout de suite offert le code wi-fi et un chargeur (dont je n’avais nul besoin, on mesure l’évolution dans les offres d‘hospitalité). Pierre, le mari chauffeur poids-lourd est arrivé de sa formation de reconversion en moniteur auto-école poids lourd. Repas convivial et simple. Je suis repartie avec plein de conseils et même une photocopie de la carte IGN pour le chemin vers Schauenberg sous une pluie cessante.
Arrivée sèche à Schauenberg où Siegfried m’avait précédée la veille et confirmé mon arrivée. L’abbaye ne dispose que de 2 chambres individuelles avec toilette et douche communes. Repas à 18h et petit-déj. prévu à 8h. Il fait toujours gris dehors. Très bon repas : soupe, kassler, frites, salade.
Les sœurs sont originaires d’Inde, elles sont là pour accueillir pèlerins, touristes, promeneurs. Elles dépendent du Couvent Saint-Marc qui dispose de 140 chambres.
Dimanche 19 mars N-D de Schauenberg – Cernay (8h15>16h30 / 28 km)
Bonne nuit mais un peu froid. Petit-déj. à 7h45 en compagnie de la sœur la plus âgée (67 ans, 51 ans en France). Départ à 8h15 sous un ciel incertain. Belle montée en forêt avant de descendre en pente très rude sur Soultzmatt. Beaucoup de photos en cette dernière matinée. Petite perte de balise sur Guebwiller où j’ai pu trouver un magasin turc ouvert et acheter une bouteille d’eau (l’eau de Schauenberg s’étant révélée imbuvable). Petit SMS à Cernay et montée pentue avant Jungholtz.
Vers Notre-Dame de Thierenbach, le temps se gâte et la température chute fortement. Suite et fin du parcours sans problème par le sentier des pèlerins. Beau chemin en forêt avec des dénivelés bien accentués.
Arrivée à 16h30 par la piste cyclable à Cernay et tout mon petit monde venant à ma rencontre. Quels sourires !
Pas mal après 30 km environ. Première étape bouclée mais dans des conditions très confortables.
Fin de l’étape 1 >>> Vers l’étape 2
(diaporama automatique en fondu enchaîné)