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ETAPE 4 : ITALIE

LE VAL D’AOSTE : du Grand Saint-Bernard à Pont-Saint-Martin (et au-delà)
LE PIEMONT : de Borgofranco d’Ivrea à Robbio

Du Col du Grand Saint-Bernard à Echevennoz (18km)
Aujourd’hui, jeudi 29 juillet, soleil radieux et journée toute en descente dans de superbes panoramas et de typiques petits villages. D’abord à travers pâturages puis après avoir traversé la route du Col du côté italien, petit sentier assez pierreux. Vue sur le grand tunnel et après un passage rocailleux, belle allée herbue. Petit bout de route avant d’arriver à Saint Rhémy-en Bosses tout dédié à la Francigena (panneau d’ information, lampadaire pèlerins…). Impressionnants toits de lauzes et maisons en belles pierres grises, bleues et beiges. Beaux jardins et nombreuses fontaines. Puis nous longeons une belle allée ombragée en suivant des levadas italiennes, petits canaux d’irrigation comme à Madère. Arrivés à Etrouble, nous avons besoin d’un café. Nous nous installons sur une terrasse, un garçon stylé nous demande si nous voulons du sucre de canne ou du sucre blanc. Grosse surprise au moment de la facture: 1 euro le café! En Suisse 3,50 voire 4 euros. Viva Italia! Encore trois kilomètres et nous arrivons à notre dortoir à Echevennoz. Ce soir, c’est trattoria!

D’Echevennoz à Aoste (15 km)
Petite étape sous un ciel lourd et orageux ce vendredi 30 juillet en grande partie sur terrain plat le long du très beau Ru Neuf (levada). En deuxième moitié de parcours, on commence à bien descendre sur Gignod puis Aoste par des sentiers sollicitant bien les genoux et les quadriceps. Sommes arrivés bravement sous la pluie vers 13h30 à Aoste. Installation à l’hôtel Mignon juste avant le centre puis flânerie dans le centre historique très animé (cathédrale , forum, Porta Praetoria, collégiale Saint-Ours etc…).
A propos d’Aoste, je voudrais faire deux remarques.
Ce qui frappe dans cette vallée, c’est la fréquence de la langue française pour des raisons historiques, car elle était française depuis 1562. Elle a dû subir une italianisation forcée sous le régime fasciste et Mussolini. Depuis 1945, le français et l’italien sont les deux langues officielles ainsi qu’une langue régionale d’origine franco-provençale, l’arpitan. Nous avons donc une région parfaitement bilingue où il est demandé aux enseignants voulant y exercer de passer un examen de français.
Deuxième remarque: le jambon d’Aoste n’est pas originaire d’Italie mais d’Aoste en Isère. Le fabricant a joué sur la renommée du jambon cru italien pour entretenir la confusion…

D’Aoste à Châtillon (29km)
Ce matin, départ sous un grand soleil et deux montgolfières dans le ciel bleu d’Aoste nettoyé par un superbe orage. Je suis de nouveau seule pour cette grande étape qualifiée de difficile, ce que je confirme douloureusement ce soir. En effet, pour éviter l’intense circulation de la vallée dont le bruit emplit les oreilles toute la journée, la VF la surplombe, ce qui signifie un beau dénivelé à travers pâturages et vignobles avec parfois de fortes pentes. Heureusement, en milieu de journée, un Ru à ciel ouvert ( la tendance privilégie maintenant la mise sous conduite enterrée) m’a permis de bien me rafraîchir les pieds. Un petit sentier bordé de “cailloux-maximes” colorés détourne également l’attention. De nombreuses fontaines ponctuent le parcours.
J’ai fait la rencontre à trois reprises du même couple d’Allemands dont seule la femme va à Rome, ainsi que d’un monsieur qui promenait ses deux chèvres comme on le fait avec des chiens.
Comme je n’avais rien pu réserver la veille, tout étant complet à Châtillon, j’ai eu la chance de croiser un monsieur propriétaire de B&B qui m’a aidée à trouver un hébergement. Je suis donc dans un petit hôtel sur la VF mais malheureusement, c’est la fête ce soir malgré le gros orage que nous venons de subir. Difficile de dormir avec la fenêtre ouverte (bruit) comme fermée (chaleur)….

De Châtillon à Verrès (21km)
Deuxième journée de “crapahutage”. On quitte Châtillon par une montée puis jusqu’à Saint-Vincent, on se laisse doucement charmer par le paysage et la vue sur les montagnes d’en face. Il faut reconnaître que c’est bien balisé et il y a pas mal de panneaux d’information sur les paysages, les curiosités historiques et locales.
Puis ce sont les grimpettes épuisantes. Sitôt montées, sitôt redescendues, les pentes rocailleuses se succèdent toujours en surplomb de la vallée. C’est vraiment physique. On ne monte pas bien haut mais ce sont des dénivelés continuels sur des courbes de niveau de 400 à 650 mètres environ. On traverse des hameaux à moitié abandonnés et d’autres plutôt coquets. Une fois n’est pas coutume, j’ai mangé au restaurant à midi. D’habitude, c’est grignotage toutes les 2 à 3 heures mais aujourd’hui, c’était un besoin et je ne l’ai pas regretté par la suite.
Ce soir, je dors encore dans un B&B et ai plus ou moins renoncé à trouver des dortoirs. C’est un peu dommage pour l’aspect “rencontre” qui est un des principaux attraits de ce genre de périple. Tant pis…

De Verrès à Borgofranco (29km)
Départ en terrain plat le long de la Dora Baltea puis ballade agréable dans les villages viticoles avant d’arriver au Pont d’Echallod détruit lors des inondations de 2000 et reconstruit avec l’aide de la “Haute-Savoie dans le Cadre des relations d’amitié unissant de longue date les populations montagnardes”. Arrivée à Hône où j’ai goûté la Micooula, pain aux fruits. Traversée du pittoresque village médiéval de Bard décoré des citations de mon vieux copain Dante et surplombé par son fort impressionnant. En redescendant dans la vallée, je suis passée devant un parc archéologique puis à Dannas, je suis arrivée par la voie romaine, son arc et diverses traces de l’époque.
L’étape se terminait normalement à Pont Saint-Martin au bout de 15 km de marche culturelle. Mais j’y suis arrivée à midi et là …. Eduardo, 30 ans, m’a rattrapée. Il était parti de Saint-Vincent le matin et avait réservé un hébergement à Borgofranco. Il m’a dit que ça ne faisait que 10km de plus. Il a donc réservé une chambre pour moi. Mais après Pont-Saint-Martin, le chemin se complique et on retrouve les grimpettes et les descentes. Finalement, j’ai fait 14 km de plus que prévu et j’ai quitté le Val d’Aoste pour entrer au Piémont.

De Borgofranco à Cavaglià (33km)
Grosse journée encore ce mardi 3 août, 37ème jour de marche. Départ à 7h tout en plat, prairie et forêt sous un ciel couvert. Le paysage a changé, les grandes montagnes culminant à 3000 mètres ont disparu pour laisser place à un relief de type vosgien. Après Montalto Dora, petit village-rue pavé de galets ronds (le bonheur pour les pieds…) mettant la VF à l’honneur, ça recommence à grimper jusqu’au château qui se reflète dans un des cinq lacs de la région d’Ivrea. Petite descente puis douce et longue montée jusqu’au château d’Ivrea. En contrebas, au centre-ville, un point d’information pèlerin. J’en profite pour régler mes problèmes immédiats d’hébergement. Bref, j’y suis restée une heure mais avec succès pour ce soir et demain soir. Il faut juste que demain, je refasse une longue étape jusqu’à Vercelli car il n’y a plus de place avant.
Après Ivrea, cap sur Viverone et son lac. La VF suit souvent la route à travers bois et vignes, avec un petit relief, mais c’est assez monotone. À Viverone où je comptais m’offrir une glace, déception! C’est un long village-rue tout en montée et vieillot. Je suppose que la vie est plutôt en contrebas vers le lac. Puis on continue de monter par la route jusqu’au sentier de l’elfe Ugo qui nous amène à travers forêt et prés (et force moustiques) jusqu’à Cavaglià qui ressemble plus à l’idée que je me faisais de Viverone. C’est un bourg assez impressionnant par ses édifices religieux. Obtention de la clé de l’ostello après remplissage de maints papiers (on commence à me demander le passe sanitaire) et installation pour le prix pèlerin de 5 euros.
Ce soir c’est pizza et une petite bière…

De Cavaglià à Vercelli (35km)
Je savais que ce mercredi serait pénible mais finalement pas tant que ça. Quoique…
Pas de pluie au réveil contrairement aux prévisions, c’est déjà une bonne chose pour une étape prévue de 40 km mais sur du plat. Pour la réduire un peu, je décide de prendre la route plutôt que la VF qui fait des détours. À 6h30, le matin, ça roule encore doucement. Vers 8h, avant Santhià, je reprends la VF car le trafic s’intensifie. Succession de champs de maïs sur arrière-fonds d’autoroute. Je découvre les filets à insectes et les petits canaux d’ irrigation qui traversent les grands. C’est tout un réseau hydraulique bien organisé mais ce sont aussi des nuées de moustiques voraces qui vous assiègent sans répit. À Santhià, rien de bien folichon et une sortie par la vieille passerelle de la gare.
Après ma fâcheuse expérience avec les moustiques, je reprends la route. À une dizaine de kilomètres avant Vercelli, la pluie se déchaîne et là, je ne peux plus faire autrement que reprendre la VF, m’embourber dans les chemins au milieu des rizières et affronter les moustiques. C’est dommage car la faune avicole est très présente: grands échassiers, genre d’aigrettes et espèces de hérons à long bec noir et crochu.
Je suis arrivée à Vercelli trempée et crottée. J’ai bien essayé de prendre des raccourcis mais c’est pratiquement impossible dans les rizières, il y a de l’eau partout. Heureusement, l’Ostello Sant Eusebio est accueillante, Vercelli une ville au riche patrimoine architectural et c’est mon premier donativo sur ce pèlerinage.

De Vercelli à Robbio (19km)
Petite étape que j’appréhendais quand même à cause des rizières. Mais est-ce la présence du soleil, mon dispositif anti-moustiques ou l’apparition timide d’une végétation plus variée, ce fut une belle promenade.
Sortie un peu bruyante de Vercelli par le pont au-dessus de la rivière Sesia et la route qui mène à Pavie puis entrée dans les rizières. J’ai regretté de ne pas avoir pu prendre de photo d’un tracteur en plein travail car c’est un engin avec des roues crénelées impressionnantes. On assiste toujours à des envols d’oiseaux majestueux. Ceux que je qualifiais hier de hérons sont en fait des ibis sacrés venus d’Afrique et qui commencent à coloniser la Plaine du Pô entre autres. On voit apparaitre quelques plantations de jeunes arbres avant de grimper sur une digue de plusieurs kilomètres qui surplombe des hectares de rizières. Petit à petit, la végétation change et ce sont des acacias de part et d’autre. J’ai même été accompagnée par deux chevreuils en contrebas. Arrivée à Palestro, un habitant m’a interpellée et m’a expliqué avec conviction qu’il fallait que j’aille au bar. Pour lui montrer que j’avais compris, je suis allée y boire une eau pétillante alors que c’était la direction opposée à la VF.
Après Palestro, le chemin change d’allure et devient moins discipliné. Les rizières s’étalent en petites parcelles au milieu d’une végétation plus variée: petits buissons, graminées, fleurs. Les moustiques se raréfient et laissent la place à toutes sortes de libellules et de papillons multicolores. On entend fréquemment des “ploufs” de batraciens. L’arrivée à Robbio (Lombardie) s’est faite sous le soleil écrasant de 13heures. Aujourd’hui, c’est encore donativo…

Le film de l’étape 4
(diaporama automatique)

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