• Etape 6

 
 
ETAPE 6 :  PASAI – GIJÓN
du 08 au 26 septembre
 
 
Journal

8 septembre : de Pasai à Orio
À 7h pile, Mario nous réveille en musique et à 8h, on est priés d’avoir vidé les lieux. Petit déj. à la boulangerie puis nous prenons le bac pour le quartier d’en face. Là, nous attendent des centaines de marches mais quel panorama ! Sentier côtier pas très aisé à cause du dénivelé et parce que très rocailleux, et au bout de 2h San Sebastian s’étend à nos pieds. Nous faisons une très grande pause sur la promenade. San Sebastian est la ville basque la plus riche et porte l’empreinte de son fastueux passé balnéaire aristocratique du 19e. Puis nous nous apercevons qu’il reste 16 km avec le même relief et qu’il est déjà 13h30! Je pars donc la première car je suis plus rapide que Brigitte (Parisienne rencontrée au gîte). Et nous nous retrouvons à 17h au gîte à Orio. Nous avons pris 1/2 pension. Mais nouveauté pour moi, c’est un dortoir de 20 lits et c’est complet!

9 septembre : d’Orio à Deba
Pas beaucoup de photos aujourd’hui pour cause de pluie fine entrecoupée de fortes averses successives transformant les chemins en bourbiers glissants et en torrents. Bref, 29 km exténuants avec la descente fatale vers la ville d’étape et une belle glissade, mais je me suis ramassée sans trop de bobos, j’espère. On verra demain… Arrivée au gîte, on me renvoie au centre-ville tamponner ma crédential à l’OT et chercher un ticket avec mon numéro de lit. C’est comme ça que j’ai fait plus ample connaissance avec Han, sud-coréen, déjà rencontré plusieurs fois sur le chemin. Demain dimanche, tout est fermé et on nous a prévenus qu’il fallait prévoir des provisions. C’est assez tristounet car le gîte occupe d’anciens locaux de la gare optimisés en dortoirs comprenant pas loin d’une centaine de lits. C’est sombre et il n’y a ni table ni chaise. Chacun s’occupe sur son lit et dehors, il pleut toujours…

10 septembre : de Deba à Markina-Xemein
Il a plu toute la nuit et d’après le guide, c’est une étape très difficile quand il pleut. Je confirme ! Partie à 7h. ce matin, il fait encore nuit, sous la pluie pour une étape de 23 km frisant les 500 m d’altitude à plusieurs reprises. Le tout dans la boue, les averses et les pentes raides. Bref, c’est sportif ! En revanche, c’est de la forêt tout le temps avec un sentier parfois en balcon donnant sur de très beaux paysages. Nous nous éloignons de la côte mais la mer est toujours présente par-ci, par-là. Pour la pente finale, bien raide comme il se doit, une coulée de boue ! Arrivée à Markina par l’étonnante église consacrée à l’archange St Michel, qui abrite sous une voûte hexagonale trois rochers immenses qui se soutiennent naturellement. C’est impressionnant. Arrivée au gîte (donativo), il y a déjà du monde à 13h (ça n’ouvre qu’à 15h), car certains n’ont pas eu le courage de faire l’étape à pieds et sont venus en bus…!

11 septembre : de Markina-Xemein à Gernika
On le savait, la pluie n’arrêterait pas aujourd’hui ! Et en plus, le brouillard a été de la partie. 26 km en moyenne montagne dans la boue, heureusement, parfois, le chemin a été aménagé. Beaux paysages quand il arrêtait de pleuvoir et parcours tout en forêt et petits villages. J’ai cheminé avec Han car nous allons au même rythme et chacun reste dans ses pensées. Il faut dire que la conversation en franco-coréen passe assez mal. Ce qui est fatigant en Espagne, c’est vraiment cette course au gîte et le fait de ne pas avoir de réelle conversation, car on parle un sabir « anglo-hispano-germano-franco-n’importe-quoi ». On n’a aussi aucun contact avec les hospitaliers qui ne sont là que pour la logistique et veillent au règlement. Ce soir, nous sommes dans un gîte qui pourrait être bien (18 € quand même) mais qui laisse à désirer au point de vue de la propreté…

12 septembre : de Gernika à Lezama
Errance à travers la ville sous la pluie pour retrouver le camino. Ça m’a permis de voir la sculpture dédiée au bombardement de Gernika. Trop fatiguée hier pour me promener, je me suis couchée à 20h. Aujourd’hui une étape de 23 km à travers la forêt de chênes, de pins et d’eucalyptus, on a l’impression de faire une inhalation ! État du chemin déplorable, voire dangereux car quatrième jour de pluie et par endroits et même sur presque des km, ce n’est que de la boue. Impossible à faire sans bâton ! Demain, on nous annonce le soleil…

13 septembre : de Lezama à Bilbao
Journée cool aujourd’hui ! Il faut dire que l’hospitalier nous jette du lit à 6h30 : lumières, musique, ouverture des portes. On se croirait à l’internat. Ça a pas mal râlé parce que l’étape est courte jusqu’à Bilbao (11km). Il n’y a qu’à monter jusqu’au Monte Avril et en redescendre, et en plus, il ne pleut pas. Après le petit dėj. pèlerin au café, nous sommes partis pour arriver bien bravement à 10h à Bilbao. Nous nous sommes promenés (cathédrale, musée Guggenheim) et avons mangé sur la terrasse d’une petite boulangerie bien sympa. Sommes arrivés les premiers au gîte (5 km du centre-ville) qui a l’air un peu glauque de l’extérieur, mais c’est la bonne surprise à l’intérieur. C’est immense : grande cuisine, grands espaces et pas de lits superposés. Le donativo inclut le repas du soir communautaire qu’on peut aider à préparer, la nuit et le petit dėj. Pas mal de Français parmi les pèlerins,  des Allemands, une Polonaise, un Italien et il en arrive encore. Georges est parti se renseigner s’il y avait du vin au repas…

14 septembre : de Bilbao à Pobeña
Départ sous la pluie et le vent pour un trajet qualifié de pas accueillant dans le guide. On traverse principalement les zones de complexes portuaires et industriels de Bilbao. Donc, du goudron mais terrain plat ! Comme on s’attendait au pire, tout s’est plutôt bien passé. D’ailleurs les photos sont le parfait reflet de ces 27 km : pluie, nuit à Bilbao, petite éclaircie à Barakaldo et à Portugalete et son pont à cabine suspendue, beau soleil en arrivant à la mer à Pobeña. La question du gîte devient de plus en plus cruciale, certains pèlerins n’hésitant pas à prendre le bus pour arriver en premier. D’autres se sont même acheté une tente…

15 septembre : de Pobeña à El Pontarrón
Bon, ben, il pleut mais pas beaucoup et on a la chance de faire une première partie du chemin en balcon sur la mer sans trop se servir des pèlerines. Mais après, c’est une alternance d’averses et de soleil avec beaucoup de vent. Le panorama est beau mais on a le bruit du trafic (autoroute et route nationale). Beaucoup de goudron quand même, des montées, des descentes, mais on a décidé de pousser plus loin pour réduire l’étape de demain. L’arrivée au gîte n’est pas triste : il pleut à verse, c’est petit (14 lits dans une petite pièce), il n’y a pas d’hospitalier car c’est jour de fête, on n’a rien à manger et tout est fermé. Christina (une Polonaise) et moi avons tenté le porte à porte pour acheter du riz ou des pâtes. On est revenues avec un paquet de pain de mie, du jambon cuit et du jambon cru et des bonbons, ainsi qu’une bouteille d’eau minérale pour les trois asiatiques qui ne peuvent pas boire l’eau du robinet. Je pense que la nuit va être courte…

16 septembre : de El Pontarrón à Santoña
La soirée a finalement été très conviviale et nous avons fait beaucoup avec peu de choses. Ce matin, grasse matinée jusqu’à 7h30. Départ sous la pluie, petite accalmie sur le magnifique chemin côtier puis pluie incessante jusqu’à Santoña. C’est dommage car il y a une superbe plage de sable sur plus de 2 km et un petit passage en bateau entre Laredo et Santoña. Ça a été une horreur car il n’y avait pas d’abri. Nous sommes maintenant au gîte, très spacieux et de belle contenance mais pas très bien conçu. Il y fait bien chaud, nous y sommes propres et au sec et place au… repos !

17 septembre : de Santoña à Güemes
Nuit insomniaque pour cause de fiesta espagnole jusqu’à 4h du mat. avec feux d’artifice sous nos fenêtres. Après à peine 3h de sommeil et avoir pris conscience qu’il pleuvait encore, il fallait affronter le passage délicat dont je livre la description du guide : « La montée et la descente du nez rocheux El Brusco exigent un pied sûr ! » La pluie donc était là pour pimenter l’affaire, ainsi que le passage des pèlerins pendant les 4 jours précédents qui nous avait transformé ce joli sentier côtier en véritable planche à savon ! De l’autre côté, l’immense plage de Noja. Puis, après Noja, c’est la verte campagne de la Cantabrie. De grandes circonvolutions par les chemins et pâturages nous amènent au gîte de Güemes, un véritable havre de paix faisant penser à « l’Esprit du Chemin » après Vézelay. La suite, c’est pour demain car nous allons avoir une réunion d’information sur cet endroit bien accueillant…

18 septembre : de Güemes à Boo de Piélagos
Effectivement, la soirée fut peu commune : grand rassemblement au son de la cloche à 19h30 dans la salle d’infos. Chants d’accueil, historique et activités du centre fondé par le Padre Ernest Bustio. Puis repas en commun pour presque 80 personnes de toutes les nationalités.

Ce matin, départ dans une petite brume mais pas encore la pluie (elle viendra plus tard…). Pas de surprise au niveau chemin, à part le fait qu’on ne sait toujours pas combien de km il nous reste à parcourir (cf. album photos). Chemin côtier (nous nous sommes perdus…), routes, plages, bac au ponton de Somo. Arrivée à Santander que j’ai traversé seule, Han étant allé à Decathlon compléter son équipement anti-pluie. L’albergue à Santa Cruz étant fermée, j’ai continué jusqu’à Boo de Pielagos avec un Canadien. J’étais un peu ennuyée à cause de Han, et là, magie du chemin, j’ai téléphoné à une pèlerine française pour lui dire où j’étais et renseigner Han au cas où il serait sur sa route. Eh bien oui ! Nous voilà donc tous réunis au gîte privé de Boo où nous avons pris 1/2 pension et où nous dormirons dans des draps…

19 septembre : de Boo de Piélagos à Santillana del Mar
A Boo, les pèlerins doivent prendre le train car le trajet suivant la voie ferrée est très dangereux et interdit. Normalement, il faut descendre à l’arrêt suivant (1,6km), mais nous avons préféré faire trois stations (jusqu’à Mar) pour nous donner le temps de visiter la grotte préhistorique d’Altamira. De là, nous avons marché sur la route jusqu’à Santillana del Mar, la ville des trois mensonges, car elle n’est pas sainte (santa), pas plane (llana) et pas près de la mer. En revanche, elle est en contraste total avec tout ce que nous avons vécu ces derniers temps. C’est un centre médiéval très touristique avec entre autres un musée de la torture sous l’Inquisition. A11h, nous étions installés à l’albergue (pierres, poutres, métal, vieux objets et meubles anciens). Ensuite, direction l’arrêt de bus pour Altamira où nous avons été racolés par un chauffeur de taxi qui nous proposait le trajet pour 4 à 5€. Confort oublié d’un monospace climatisé et moelleux… Altamira c’est comme à Lascaux, une grotte reconstituée à l’identique flanquée d’un musée très intéressant. A la sortie, nous avons rappelé le taxi… Pour l’instant donc, petite journée touristique ensoleillée et bien agréable…

20 septembre : de Santillana del Mar à Comillas
Y’en a marre des ronfleurs !!! Départ à 7h30 dans une ville déserte sans le moindre petit dėj. Étape de 24 km sous le soleil ! On a eu l’impression de se promener, même si la plupart du temps on a encore marché sur la route. En arrière-fond, soit les Picos de Europa, soit la mer. Traversée de jolis villages en compagnie d’Yves et Josselyne, deux Français du Massif Central. Arrivée à l’albergue de Comillas, anciennement une prison, mais simplement transformée. Ensuite, nous sommes allés visiter le Capricho de Gaudi, un petit palais faisant partie des trois seuls ouvrages de cet architecte hors de Catalogne.

21 septembre : de Comillas à Colombres
Grande étape de 30 km vers l’intérieur des terres avec de belles côtes. On avait oublié… De plus, j’avais dans mon sac à dos la bouteille de vin que nous n’avions pas bue hier soir ! Il n’a pas plu (mais ça ne saurait tarder) et le paysage est toujours superbe. Pas beaucoup de photos car ça ne se renouvelle pas trop. Maintenant, la question qui taraude les pèlerins est la suivante : on continue par le Norte ou on prend le Primitivo ? Cet après-midi, nous avons rencontré un pèlerin français qui faisait le Camino dans l’autre sens, de Santiago jusqu’à Tours. Il dit que le Primitivo n’est pas facile, qu’il a eu très froid mais qu’il n’a pas connu cette course au gîte. Je pense quand-même que je vais continuer sur le Norte…

22 septembre : de Colombres à Llanes
Étape de 24 km sans événement particulier. Départ à 7h30, arrivée à Llanes à 12h30. Albergue municipale complète, nous nous retrouvons donc dans une albergue privée dans un vieil immeuble de style avec parquets, lustres de cristal, boiseries, belle salle à manger et salon. Gros contraste quand nous sommes sortis de notre chemin de campagne et sommes arrivés dans ce petit port au passé cinématographique. Aujourd’hui, nous avons mangé des nuggets avec délectation sur le port puis nous sommes promenés le long de la jetée où Los cubos de la memoria font office de brise-lames. Nous avons également assisté au déchargement des algues qui sont récoltées pour l’industrie pharmaceutique. En repas du soir, une bonne tasse de chocolat chaud avec des churros…

23 septembre : de Llanes à Cuerres
Très belle journée, très beau chemin le long du sentier côtier et troisième cadeau, superbe albergue donativo, toute neuve, dans une maison passive tenue par une Française qui a vraiment pensé l’aspect accueil et confort du pèlerin. Je me suis même offert un massage complet de 3/4 d’heure pour 10 €. Le bonheur…

24 septembre : de Cuerres à La Isla
Encore une très belle journée d’automne le long des plages et dans les sentiers de campagne ayant un petit air d’Alsace Bossue. Nous sommes en Asturie depuis 3 jours et partout ce sont pommiers et poiriers pour la fabrication du cidre. Donc 24 km un peu vallonnés mais avec une petite tendance promenade du dimanche. Découverte de la petite ville de Ribadesella pleine de charme et de surprises. Traversée de petits villages qui entretiennent plus ou moins bien les greniers à grains typiques de la région : les « hórreos ».
Arrivée à l’albergue à 15h00. Il y a du monde mais nous avons de la place et les Français se font de plus en plus nombreux. En revanche, les têtes connues disparaissent peu à peu car beaucoup doivent s’arrêter pour raisons de reprise de travail, de fatigue ou de petits bobos…

25 septembre : de La Isla à Villaviciosa
Dernière étape en compagnie de Han. Le chemin change, ça recommence à grimper et la mer se fait lointaine. Le temps est maussade. Demain, c’est la bifurcation à La Casquita : il y a ceux qui continueront le Norte et ceux qui prendront le Primitivo. Tout le monde n’est pas encore décidé et c’est la grande question du jour. A l’albergue à Villaviciosa, accueil avec un verre de jus d’orange mais nuitée seule en dortoir à 13€. Après la petite marche du matin, tout le monde se repose ou étudie l’itinéraire ou les étapes qui suivent. Normalement, il ne nous reste plus qu’une quinzaine de jours. Ça fait tout drôle…

26 septembre : de Villaviciosa à Gijón
Départ silencieux comme d’habitude; en principe, on ne commence à se parler qu’à la pause de 10h, mais aujourd’hui c’est un au-revoir. A La Casquita, l’ambiance est assez émouvante entre les groupes qui se séparent. J’en ai oublié de faire la photo de la balise de bifurcation Gijón/Oviedo![*] Me revoilà seule, ce n’est pas mal non plus.
Deux sommets à gravir : Alto de la Cruz (437m) et Alto de Curbielle (271m) avant d’arriver au camping de Gijón où se trouve le gîte pèlerins. Je suis la première à 13h30 et j’ai le temps de faire une grande lessive, sac à dos y compris car malgré les 3 ou 4 derniers jours de beau temps, les chemins sont mouillés et glissants et je suis tombée dans la boue peu avant Peón.
Maintenant, il me reste à voir comment j’organise la suite et fin de mon périple de façon à être le 13 octobre à Santiago, date que nous nous sommes fixée pour beaucoup pour la rencontre finale. Après, on verra pour Fisterra et/ou Muxia…
[*] Oubli réparé par le webmestre (la magie d’internet…)

 

Fin de l’étape 6

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Photos de l’étape 6
(diaporama automatique en fondu enchaîné)