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VU ET LU… SUR MON CHEMIN
 

     Une randonnée est faite de rencontres : rencontres avec la nature, avec l’histoire, les hommes et les traces qu’ils ont laissées.

     Ainsi ai-je relevé, au hasard de mon chemin vers Compostelle, certaines de ces marques posées ici et là, sous formes de poésies, de maximes ou de citations – tantôt amusantes, parfois profondes. Quelquefois s’exprimait aussi un cri du cœur, comme cette ode à une clématite massacrée à Flavigny-sur-Ozerain lors de l’étape 3.

ETAPE 1

* Plaque émaillée sur une maison
ICI le 17 avril 1891 il ne se passa strictement RIEN
* Six plaques alignées verticalement sur un portail
Chat bien élevé, méfiez-vous quand même
Chat lunatique
Attention au chien
Chat très énervé
Chat fort susceptible

Chat méchant et perspicace

* Sentier poétique alsacien / Elsassischer Dichterwaj
avec ce poème d’Adrien Finck (Hagenbach 1930-2008) 
s Wunder vom Wort
S’kunnt/ s’kunnt aneima wu d’Arda noch/ schnüfa kà/ jedes Johr unter d’r Hurscht zwischa/ krumma Wurzlaruna uf’m/ Gàlgabarg üs’m Sooma vo’ma G’hankta/ un wenn i’s sàga kännt/ war àlles g’sait un i kännt’s schriwa/ blitzschwàrz in d’Luft/ sa han’s àm Hàls pàckt sa han’s/ dräi Tag lo hanka blutt sa han g’meint/ do kunnt kè Lawa meh/ verspotta un verspoia ohna Stei un Schrift/ doch einer steht/ àllawilnoch un blàngt/ loost wia’s g’floga n isch in d’r Bàuim/ ‘s bàuit därt a Nascht.

Dialecte haut-alémanique

Le miracle du mot

Il vient/ Il vient d’un endroit où la terre encore/ peut respirer/ tous les ans sous les broussailles entre/ des runes de racines tordues sur/ la colline des potences/ de la semence d’un pendu/ et si je savais le dire/ tout serait dit et je saurais l’écrire/ éclair d’encre noire striant l’air/ ils l’ont pris à la gorge ils l’ont/ laissé nu sur le gibet trois jours durant, ils ont pensé/ que la vie l’aurait quitté à jamais/ raillé, couvert de crachats, sans pierre ni épitaphe/ mais quelqu’un se tient/ encore debout et attend/ entend ce bruissement d’aile dans l’arbre/ il y construit un nid

Version française : Edgar Zeidler

* Graffiti sur un panneau de sens interdit
Celui qui préfère la sécurité à la liberté perdra les 2 !

* Et ce poème gravé sur une stèle-balise en grès rose près de Thierenbach
Pèlerin / Lève-toi et mange / Car la route sera longue pour tes pas / Chaque jour te changera / Le soleil te caressera / Et la pluie te lavera / Que tout cela ne te dérange / Vu que pour toi là-bas / Ton âme s’élèvera
Pèlerin / Lève-toi et marche / Lève-toi ou élève-toi / Ta foi te guidera / Tu marcheras, tu marcheras / Surtout n’oublie pas / Que seul tu ne seras pas / Donne à ton cœur / Cet immense bonheur / D’avoir un jour été / Ce pèlerin tant apprécié / Et peut-être jamais oublié
ULTREIA
Marcel l’Alsacien / 03.2012  
 
ETAPE 2
 
* A Thann, La légende des 3 sapins
A Gubbio, ville d’Ombrie, province d’Italie, mourait le 15 mai 1160 l’évêque Saint-Thiébaut. Il avait légué sa bague épiscopale à son fidèle serviteur. Mais en voulant retirer l’anneau, le serviteur arracha le pouce droit. Il l’enchâssa dans son bâton de pèlerin et s’en retourna chez lui en Lorraine. En chemin, il arriva à Thann en 1161. Il posa son bâton contre l’un des sapins qui se trouvait là, et s’endormit. Le lendemain son bâton avait pris racine. En même temps le seigneur du château de l’Engelbourg vit trois lumières au-dessus de ce sapin. Il vit dans ce prodige la volonté de Dieu, et promit de bâtir une chapelle. Les 3 sapins brûlés depuis plus de 500 ans, près de la collégiale Saint-Thiébaut, rappellent les 3 lumières qui brillèrent dans la nuit du 30 juin 1161. 

* A Phaffans, l’inscription en latin sur un encadrement de porte
garde le souvenir du passage meurtrier des troupes autrichiennes,
qui brûlèrent en 1815 soixante maisons sur les soixante-quatre que comptait le village :
“A bella combusta fuit 1815 / et renovata est 1816”

(Fut incendiée par la guerre en 1815 et restaurée en 1816)

* Près de Filain, un curieux panneau jacquaire
indique avec un certain humour et un non moins certain décalage historique la distance qui sépare le pèlerin de sa destination finale, soit 549 lieues comtoises !
Une lieue comtoise correspondant à 5,83 km, faites vos calculs !
 
 
 
ETAPE 3
 
* A l’entrée du cimetière de Bourberain,
deux inscriptions que les “locataires” adressent au visiteur
:
“Veillez et priez, vous qui ne connaissez ni le jour, ni l’heure”.

“Nous avons été ce que vous êtes, vous serez ce que nous sommes”.

* A Flavigny-sur-Ozerain, cette émouvante épitaphe
à une belle clématite blanche, victime de la bêtise des hommes

Ci-gît Clematis alba superba, née le 14 mai 2012, décédée en février 2017 d’une maladie à rechutes annuelles printanières à laquelle elle n’a semble-t-il pas survécu cette année.
Maladie inominée que l’on peut rapprocher, vu ses symptômes, d’une des maladies suivantes : la haine, le ressentiment, la jalousie, la vengeance, l’intolérance pour ma trop grande beauté.
Le vecteur de cette maladie est inconnu, mais pourrait être atteint de prédation chronique, maladie qui ne mérite pas de faire une main courante auprès de la gendarmerie, ce qui ferait perdre leur temps aux préposés qui ont d’autres tâches plus importantes à assurer.
Les personnes atteintes de cette affection n’en sont pas toujours conscientes, mais heureusement ne transmettent pas systématiquement leur maladie à leurs victimes ou à leur entourage.
Le traitement de cette affection est réputé difficile. Le plus efficace à ce jour semble être l’apéro-discussion-vidage d’abcès, qui est proposé au prédateur par le 8 rue du Four.
A vous passants qui avez admiré, photographié mes grandes corolles immaculées toutes ces années de ma trop courte vie saccagée, puis-je vous demander d’honorer ma mémoire en déposant sur mon mur une fleur séchée de votre jardin.
A tous, y compris le, la, les coupables, bonne promenade et d’avance merci.
 

* A Flavigny-sur-Ozerain (décidément…)
de petites affichettes-citations collées sur les vitres d’une maison ancienne
En voici un florilège [authenticité non garantie] :
Il est plus tard que vous ne pensez, nous sommes déjà hier (Hugo Pratt)
La réalité, c’est ce qui, quand on cesse d’y croire, ne s’en va pas (Philip Kindred Dick)
Certes, je ne renonce pas à rêver ma vie, mais je prétends aussi vivre mes rêves (Drieu la Rochelle)
Seule une idée a la force de se propager aussi loin (Ludwig Mies van der Rohe)
Plus grande est la beauté, plus profonde est la souillure (Georges Bataille)
Les chats sont malins, et conscients de l’être (Tomi Ungerer)
etc.
etc.
 
 
ETAPE 4
 
* Lu sur un poteau électrique
Soyez heureux, vous êtes du bon côté de la terre (Inconnu)
 
* Sur un tableau, à Périgueux
Le plaisir se ramasse, la joie se cueille et le bonheur se cultive (Bouddha)
Soyez vous-même, les autres sont déjà pris (Oscar Wilde)

* Sur un tableau, à La Réole
La poésie est l’épouse du lendemain et la fille du passé (Mahmoud Darwich)
 
* Le 22 août, entre Mussidan et Sainte-Foy-la-Grande
N’importe quel imbécile peut savoir.
Mais comprendre est ce qui importe (Albert Einstein)

On a deux vies, et la deuxième commence
le jour où l’on se rend compte qu’on n’en a qu’une (Confucius)


* Devant Mont-de-Marsan le 29 août
Toute société qui prétend assurer aux hommes la liberté
doit commencer par leur garantir l’existence (-)
 
 
* Entre Mont-de-Marsan et Saint-Sever
.. ai rencontré le 30 août cet amusant baromètre breton :

Le galet est sec
> Beau temps
Le galet est mouillé
> Pluie
Le galet bouge
> Vent (+ ou – fort selon mouvements)
Le galet est peu visible
> Brouillard
Le galet est blanc
> Neige (rare par ici)
Il n’y a plus de galet
> On a (encore) volé le baromètre
>> Conseil pratique : inutile de “tapoter” le baromètre <<

* Affichette lue dans une église le 31 août
Ici la communication passe par le Seigneur.
Pensez à éteindre vos portables.
Merci

* Le 2 septembre à Orthez (Gave de Pau)<
Ces deux poèmes glanés sur le “Sentier poétique des Amis du bord du Gave”

Par les soirs bleus d’été
J’irai par les sentiers
Picoté par les blés,
Fouler l’herbe menue
Rêveur, j’en sentirai
La fraîcheur à mes pieds.
(Arthur Rimbaud)

Le premier bonheur du jour
C’est un ruban de soleil
Qui s’enroule sur ta main
Qui caresse mon épaule
C’est le souffle de la mer
Et la plage qui attend
C’est l’oiseau qui a chanté
Sur la branche du figuier.
(Françoise Hardy) 

 
 
ETAPE 7
 
* Le 9 octobre, peu avant l’arrivée à Santiago-de-Compostela 
Inscrite sur un mur, cette phrase qui résume à elle-seule tout l’esprit du pèlerinage :
“Chacun sa route. Tous le même chemin”