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ETAPE 2 : BOURGOGNE – FRANCHE-COMTE

De Culmont à Chalindrey (4km en voiture) – puis vers Leffond-Champlitte (28km)
Comme je n’ai plus rien, le propriétaire du gîte me propose de m’emmener au Colruyt à Chalindrey faire quelques courses pour le repas de midi. Par chance, j’ai réussi à réserver nuitée et repas du soir à Leffond. Ce monsieur me déconseille lui aussi, de suivre le tracé prescrit mais de couper d’abord par la route peu fréquentée et retrouver le chemin vers Les Loges et le suivre jusqu’à la Ferme de Grosse Sauve, énorme ensemble de bâtiments dont une ancienne église reconvertie. Chemin ombragé jusqu’à Coublanc et apparition de la petite ampoule du 15ème jour au pied droit (pourtant j’ai tout fait pour l’éviter!). Là, je quitte le Grand-Est pour la Haute-Saône .
De Coublanc, je téléphone comme convenu au gîte de Leffond et je laisse un message. L’arrivée en Bourgogne-Franche-Comté voit l’apparition de nouvelles balises par un chemin à travers champs en petit dénivelé. A Leffond, personne au gîte, pas de réponse au téléphone, Valérie (une voisine) propose d’essayer de son côté, sans résultat. Après ¾ h d’attente, je décide d’aller à Champlitte où je suis bien accueillie à l’Office du tourisme et rejointe par la responsable du gîte communal, Vanessa. Belle surprise que ce gîte: un petit appartement rénové en plein centre avec commerces.

De Champlitte à Dampierre-sur-Salon (19km)
Très bonne nuit, petit tour à l’Association Via Francigena pour avoir plus de renseignements sur la suite du parcours en Suisse et signalement de mes observations. Trois jeunes gens qui semblent plus avoir à apprendre que de donner des renseignements concrets et surtout plus préoccupés par l’organisation du «road» qui doit avoir lieu pour célébrer les vingt ans de la Francigena.
Puis départ à travers cette Haute-Saône qui est une vieille connaissance de mes chemins de Compostelle et d’Assise. J’y retrouve les beaux lavoirs, les croix, les rosaires et les clochers en bulbe. A Framont, j’appelle la chambre d’hôte pour le soir à Dampierre et je suis paisiblement le Salon qui serpente à travers la campagne.
Dampierre est une ville surprenante avec un «cinéma» années 70 et un «superbe» hôtel-restaurant clinquant mais en faillite, qui a certainement dû sa construction suite à de nombreux passe-droits. «Au bon vivant», chambre d’hôtes et société d’import de produits vietnamiens (thés, épices) se trouve à l’opposé de la ville en grimpette. Chambre confortable, convivialité, et encore une fois, conseil de Christophe de prendre un raccourci, l’étape prévue de 34 km pour le lendemain ne présentant aucun intérêt (zone blanche) si ce n’est de la marche pour de la marche.

De Dampierre-sur-Salon à Bucey-lès-Gy (30km)
Départ à 7h par le chemin à travers champs et pâturages plats. Petite bifurcation dans la forêt ayant des airs de guet-apens et passage par un tunnel piéton peu engageant pour se retrouver sur une piste (chemin de halage) le long de la Saône qui s’agrémente d’un canal que l’on quitte à Seveux. Ce canal a la particularité de passer sous un tunnel et on chemine sur ce tunnel. Suivant les conseils de Christophe, j’ai donc gardé la D5 jusqu’à Etrelles où j’ai retrouvé le chemin. Longue ligne droite bitumée jusqu’à Bucey-lès-Gy.
Là c’est le choc: lors de mon premier «Compostelle», j’avais déjà photographié la magnifique mairie-lavoir. Petit comité d’accueil au village par un troupeau de coqs cocoricotant puis arrivée au gîte: Les Monts de Gy, ancienne maison mise à disposition de l’association VF par un particulier, le tout équipé de machine à laver et lave-vaisselle!

De Bucey-lès-Gy à Besançon (23km)
Ciel complètement bouché, dispositif anti-pluie, petite grimpette assez longue et douce sur chemin goudronné puis en forêt, superbe allée bien large, certainement agréable par beau-temps. Ça crachine et ça pluviote et mes affaires sont tout humides. 10 km plus loin, arrivée en descente sur Montbaillon: belle fontaine, moulin, panneaux explicatifs, pause. Petite remontée pour redescendre sur Etuz et son double-lavoir puis l’Ognon nous annonce Cussey. A peine le temps de traverser le bourg qu’un déluge s’abat sur moi. Le chemin est transformé en torrent coupé de larges piscines, un cauchemar! La pluie commence à s’apaiser quand j’aperçois des rails en hauteur. Tilt! l’hospitalier m’a dit hier que le chemin ne passait pas loin de la gare TGV Besançon-Franche-Comté. 500m plus loin, me voilà bien au sec avec un billet-navette pour Besançon en poche (2,50euros). Une petite heure d’attente, 10mn de trajet et me voici à la gare de Besançon-Viotte puis à la Maison du Diocèse où je dois passer la nuit. Très bon accueil réconfortant dans cet immense bâtiment historique (Stendhal y situe Julien Sorel dans son roman «Le Rouge et le Noir») à la fois maison de retraite, EHPAD, gîte d’accueil, centre de séminaires et centre culturel et de spectacles. Après une déambulation dans un dédale de couloirs, d’escaliers, d’ascenseurs, de salles, halls, réfectoires et salons divers me voici dans ma chambre n°301 avec un grand lit, un fauteuil Voltaire, un bureau présidentiel et une grande salle de bains. Je fais une lessive, fourre mes chaussures-pataugeoires de papier journal, je suis moulue avec toute une pépinière d’ampoules aux pieds et constate que les semelles de mes chaussures sont presque lisses et percées….
La nuit portant conseil, je trouve la solution vers 2 heures du matin et prends la décision de prendre le train pour Chambéry où je pourrais «embrasser» mes petits-enfants, refaire le plein d’affection et racheter et/ou ressemeler mes chaussures.

Besançon – Chambéry – Besançon: intermède
Petit week-end en famille. J’achète de nouvelles chaussures et je mets les autres à ressemeler. Je les récupèrerai en juillet avant le séjour au Mont-Saint-Michel prévu avec enfants et petits-enfants pour mon anniversaire.

Petite marche sur les hauts de Chambéry et baignade au lac d’Aiguebelette: c’est là qu’Hélène m’avait rejointe sur le Chemin d’Assise.
Lundi matin je reprends le train pour Besançon.

De Besançon (gare) à la Chapelle des Buis (6,5 km)
Petite pluie en descendant du train à 16h15. Et me voilà en route avec mes chaussures neuves pour une belle grimpette jusqu’à la Chapelle des Buis où la communauté franciscaine accueille les pèlerins. Je me félicite de ne pas avoir de nouveau dormi à la Maison du Diocèse car ainsi, je gagne une bonne heure et demie sur mon trajet de demain vers Ornans.

De la Chapelle des Buis à Ornans (36km)
Lever 5h30, départ 6h30 sous un temps incertain qui m’incite à mettre mon équipement anti-pluie (sur-sac, guêtres, parapluie). Inutile de passer par le chemin panoramique: tout est bouché! Ciel très menaçant à Montfaucon après une descente en sous-bois et petit dénivelé, puis l’orage éclate à Saône où je dois m’arrêter pour m’abriter tant bien que mal pendant une vingtaine de minutes. Petit agrément du jour avant Foucherans: passage dans un pâturage détrempé et avec vaches! Cette journée n’aura été qu’une suite d’orages, de pluie fine entrecoupée de belles averses.
Vers 13h, petite accalmie, je fais une petite pause sur un banc après Foucherans et sa descente sportive sur l’ancienne voie ferrée transformée en sentier pédestre. Traversée un peu angoissante du noir tunnel de Plaisir-Fontaines et belle promenade au sec jusqu’à Ornans. L’entrée en ville est bruyante et la VF coupée au centre-ville sans indication de déviation.
Tant bien que mal j’arrive au “Sanglier qui fume”, un accueil pèlerin en dehors de la ville. Laurent et Karena vivent dans un mobil-home fixe et ont aménagé des lieux pour pèlerin dans leur terrain. J’ai (très bien) dormi dans un cabanon à l’équipement sanitaire minimaliste, certainement très agréable dans d’autres conditions météo. Accueil très chaleureux, bon enfant et très bon repas du soir.
Cette étape aurait été un vrai plaisir sous le soleil…

D’Ornans à Ouhans (24km)
Lever 7h, petit déjeuner 7h30, il pleut, toutes mes affaires sont humides: pas motivée! Vers 8h petite accalmie, je pars. Joli petit chemin le long de la Loue, c’est joli, c’est plat jusqu’à Vuillafans où je pensais faire quelques courses, mais je passe à côté du centre-village, alors tant pis! Direction sur Lods en belle petite grimpette et redescente par le camping. Toujours pas de commerce mais surprise: je ne suis plus qu’à 2km de Mouthier-Haute-Pierre où je pensais passer la nuit. Il est midi, trop tôt! Je trouve une épicerie, enfin. Sandwich et rencontre avec Wendy, une Néo-zélandaise qui fait la VF avec sa tente. Frigorifiée, affamée elle m’explique qu’après ça monte trop et qu’elle prend le bus jusqu’à Pontarlier.
Je résiste (car bien entendu, il pleut toujours) et pars bien bravement en direction d’Ouhans et… les Gorges de la Loue. Epreuve sportive sur 5,5km qui se termine à la source de la Loue avec l’avertissement suivant: “Sentier étroit, parfois en bordure de précipice, glissant à de nombreux endroits. Ne pas s’y engager par mauvais temps ou terrain humide”. Bingo! Super Annie a fait tout ça sous la pluie avec un sac de 10kg sur le dos! En prime, toujours pas de gîte pour la nuit, l’accueil pèlerin à Ouhans étant fermé! En frappant à des portes j’ai fini par trouver un Rbnb bien spacieux où on m’a même offert de quoi manger ce soir. Je suis bien au sec et dehors on ne voit même plus le paysage….
Encore une belle journée s’il y avait eu du soleil!

De Ouhans à Pontarlier (20km)
Mauvaise nuit passée à ressasser la traversée des Gorges de la Loue. Mais il ne pleut plus, le ciel reste cependant chargé. Première errance de la journée, je retourne rejoindre la VF à la source de la Loue au lieu de continuer mon chemin par la sortie du village! Mais j’ai vu un chamois! Chemin goudronné à travers des pâturages ouverts avec des vaches et une côte à 17%. Le soleil commence à se montrer. Après 4 km de montée à travers la forêt, grand chemin forestier et plat. Puis c’est le plateau avant Pontarlier que l’on rejoint par une grande zone commerciale à Doubs. À Pontarlier, l’office de tourisme est fermé exceptionnellement pour aujourd’hui: pas de renseignement sur les adresses en Suisse ni sur les possibilités d’hébergement pour ce soir. Heureusement, après tout un imbroglio dû à ma fatigue, je reçois une chambre à l’Auberge de Jeunesse où je retrouve Wendy. Petit bonheur du jour: j’ai réussi à réserver un accueil pèlerin pour demain soir aux Fourgs et j’ai changé des euros en francs suisses.

De Pontarlier à Les Fourgs (14km)
Petite étape mais magnifique sous le soleil. Petit déjeuner en compagnie de Pierre Hérant, auteur de livres de randonnée à pieds et à vélo. Son livre “L’autre pèlerinage: de Nice au Mont Saint Michel” m’avait déjà interpelée il y a quelque temps. Départ de Pontarlier à 10h, après diverses courses, par la place André Malraux et son masque spectaculaire. Ultime montée caillouteuse et fort boueuse pour quitter le Jura. Superbe point de vue sur le château de Joux et belle descente sur La Cluse-et-Mijoux. La remontée, de l’autre côté, fut moins aisée: sentier étroit, raviné, boueux, bordé d’orties et de barbelés. Traversée de pâturages en grimpant sur des obstacles anti-vaches. Non-concordance du balisage avec le tracé de l’appli. Finalement, je me suis retrouvée aux Petits Fourgs où Wendy arrivait justement. Elle était venue par la route, les sentiers boueux et montants n’étant pas de son goût. Nous avons donc cheminé ensemble jusqu’à notre gîte en passant par l’Office du Tourisme des Fourgs qui est une vraie mine de renseignements. Demain, passage en Suisse…

Le film de l’étape 2
(diaporama automatique)

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