- ►
- COMPOSTELLE
- ►
- • LE FIL DES JOURS
- ►
- • Le retour !
Je suis à Weislingen depuis 5 jours maintenant et bien entendu j’ai encore la tête pleine de Compostelle. Cependant, il me semble qu’il faut clore cet épisode marquant de ma vie et vous parler de mon retour.
Il existe plusieurs moyens de rentrer à la maison :
– à pieds (j’en ai rencontré des adeptes)
– en avion
– en bus
– par d’autres moyens (Blablacar, auto-stop, parfois en voiture ou camping-car avec des parents ou des amis…).
Après m’être renseignée à l’accueil pèlerin près du bureau des compostelas à Santiago, j’ai opté pour la solution bus. Je ne voulais pas rentrer trop vite pour éviter un décalage trop déstabilisant et me laisser le temps de réfléchir à tout ce que j’avais vécu (sans négliger le point “budget”).
Donc, me voilà à la station de bus à 11h ce jeudi 12 octobre pour un road trip (comme dirait le toujours mien ami) devant me mener à Strasbourg le vendredi 13 octobre vers 17h. Trente heures de bus me semblaient un challenge correct…
D’abord, le dépaysement : tout le monde parle français dans le bus ! Mais où étaient-ils tous ? Pourquoi n’ai-je parlé qu’allemand, anglais, baragouiné l’espagnol et bégayé l’italien pendant ce chemin ?
La société Alsa qui gère tous ces retours est très chiche en renseignements. Certains ont eu plus de chance que moi et ont reçu un horaire détaillé de leur trajet. Je sais seulement que je dois changer de bus vers Bilbao…
On part sous le soleil et bien vite c’est la brume qui enveloppe la campagne alentours et le silence dans le bus : chacun reste dans ses pensées et inconsciemment, on regarde la route en guettant les balises jaunes qui pourraient encore apparaître. Ceux qui ont fait le Camino Primitivo reconnaissent parfois un lieu, un nom de village, un profil de chemin…
De beaux paysages, des montagnes verdoyantes, des vallées et nous nous arrêtons dans un tout petit village pour le repas de midi. J’avais prévu, j’ai donc sorti mes “victuailles” et me suis installée sur un muret. Quelques dernières noix et pommes glanées au bord de la route pour me dégourdir les jambes et nous voilà repartis.
La nuit tombe, arrivée à Suco sur un immense parking d’autoroute où on doit effectuer le changement. Des dizaines de bus numérotés attendent déjà. On nous donne un ticket avec le numéro de bus que l’on doit prendre et on nous lâche bien gentiment vers la cafétéria en nous disant qu’il faut revenir à 20h30 chercher nos bagages et monter dans l’autre bus.
Le bus 200 (ligne Malaga-Mayence) est un ancien bus sans prise de courant ni wifi, sans aucun siège libre. Les passagers sont d’origine espagnole, italienne, allemande, pays de l’Est. Je retrouve l’atmosphère du Chemin… Il y a même une petite fille de 2 ans.
La nuit se passe sans commentaire, tout le monde somnole ou descend docilement pendant les pauses. Passage de la frontière franco-espagnole. Ça roule bien… Quand………………………..
… quand, tout à coup, le bus freine brusquement et se dirige vers une aire de parking. Il est 10h du matin, le plus gros du voyage est fait mais c’est sans compter avec l’intervention de la douane volante.
Quatre douaniers armés grimpent dans le bus, bloquent les issues, nous informent qu’ils vont procéder à un contrôle et nous demandent de prendre toutes nos affaires, de récupérer nos bagages dans la soute et de nous aligner le long du bus.
Petit contrôle sommaire des biens de chacun puis on est priés de rester tranquilles car le chien anti-drogue va passer. Et là, après un passage sans incident dans le bus, le chien galope comme un fou dans la soute à bagages vide, gratte furieusement le sol, sort en tenant un bout de sparadrap dans la gueule et va s’asseoir dans l’herbe 20 mètres plus loin. Il a fini son travail. Le maître-chien intervient alors et retire de la soute un paquet noir qui s’avère contenir de la drogue. Question de routine : “C’est à qui ?”. A personne bien sûr…
Alors, la machine se met en branle :
– contrôle plus approfondi des bagages
– relevé d’identité avec filiation (le tout écrit à la main dans des langues différentes mais tout le monde coopère pour que ça avance vite).
– autorisation d’aller aux toilettes mais quand on revient, on nous annonce que ce n’est pas fini et que les services d’identification criminelle vont passer. On nous refait monter dans le bus chauffé à blanc par le soleil : intenable !
– passage un par un pour le relevé d’empreintes… Ça fait déjà 3 heures qu’on est là !
Une fois tout le monde passé, contrôle et embarquement des chauffeurs pour interrogatoire à Sens. On les attendra 5 heures sous la surveillance d’une voiture de police sans savoir ce qui se passe.
A 18h nos chauffeurs réapparaissent sous les acclamations et reprennent bravement le volant pour nous mener à destination. Voyant qu’on passait à Phalsbourg, je leur demande de m’arrêter au péage de l’autoroute où l’on vient me récupérer.
Rentrée à la maison, toute décorée par les amis qui voulaient me faire un petit accueil.
Mais voilà, ce sera une fois de plus une des leçons du Chemin :
ON S’A-DAP-TE !