• Etape 7

 
 
ETAPE 7 :  GIJÓN – SANTIAGO DE COMPOSTELA
du 27 septembre au 10 octobre
 
 
Journal

27 septembre : de Gijón à Avilès
Vu le descriptif peu engageant du guide pour cette longue étape, nous avons décidé, Guy, Martine (des Bretons) et moi de zapper Gijón et de la traverser en bus. Sage décision car les 20 km que nous avons faits aujourd’hui ont été épuisants. La sortie de Gijón et l’entrée d’Avilès offrent un aspect apocalyptique de l’industrie lourde asturienne. Quelques belles parties de campagne verdoyante entre les deux, mais de belles côtes sous un soleil écrasant et une forte circulation constante avec de vrais passages dangereux. Le gîte d’Avilès est très grand, en pleine ville mais un peu en retrait de la route dans une cour. Un grand dortoir d’une centaine de lits mais on commence à connaitre les têtes, c’est un peu comme une grande famille. Promenade dans la ville qui rachète la mauvaise impression qu’on en a quand on arrive…

28 septembre : d’Avilès à El Pitu
Départ au petit jour (8h00), sortie d’Avilès pas aussi pénible qu’on se l’imaginait. Martine peine quand même et je décide de continuer mon chemin seule à partir de Salinas. C’est avec plaisir que je reprends mon propre rythme mais ces 2 jours en compagnie m’ont fait grand bien. Du coup, l’étape est plus longue que prévue. J’aurais bien tenté les 39km proposés par le guide mais j’ai décidé d’être raisonnable et j’en ai fait 28. Arrivée à El Pitu à 15h00 en pleine forme, je suis ce soir en compagnie d’un groupe de pèlerins italiens qui m’ont proposé de partager les “pasta con atun”. Comme il n’y a pas d’épicerie ici, l’un d’eux se dévoue pour faire les 4 km A/R jusqu’au supermercado du village voisin…

29 septembre : d’El Pitu à Cadavedo
Aujourd’hui, nombreux passages sous des ponts et traversées de cours d’eau sans ponts. Parcours sportif de 34 km tout en montées et en descentes raides dans des petits chemins bordés de bambous et d’eucalyptus. La mer a refait son apparition, la pluie aussi ! Et les lavoirs aussi…

30 septembre : de Cadavedo à Piñera
Cinq Italiens, quatre Espagnols, un Mexicain = ambiance. Mayté, l’hospitalière, n’était pas en reste non plus…
Ce matin, départ dans la nuit et sous une petite pluie fine pour 32 km en grande partie par la route, l’hospitalière nous ayant déconseillé le chemin par ce temps.
Arrêt à Luarca et à Otur pour grignoter et traversée de petits villages mais très étendus. Le pèlerin est guetté et remis dans le droit chemin si besoin, le tout accompagné de “Buen camino” de plus en plus fréquents.
J’ai rattrapé Antonio à Villapedre et on a essayé de converser, lui ne parlant qu’espagnol… Sommes arrivés les premiers à l’albergue de Piñera aménagée dans une ancienne école primaire. Les locaux sont vastes et le soleil s’étant montré, il y a une belle lessive suspendue dans la cour. A 17h, le restant de la troupe est arrivé et je m’attends encore à une belle soirée…

1er octobre : de Piñera à Tapia de Casariego
Cette nuit, chacun a eu droit à son moustique et ça a donné une drôle d’ambiance dans le dortoir !
Ce matin, le temps est doux et je pars seule au lever du jour. Une petite perte de balise m’a fait suivre la nationale et rattraper le petit groupe parti avant moi. L’étape prévue est de 25 km mais à La Caridad, nous décidons de faire le chemin de la côte et d’emprunter le GR par le Cabo blanco. Ça nous fait une rallonge de 5 bons km mais ça vaut vraiment le détour.
Le temps, maussade au départ, s’est levé peu à peu et c’est avec un soleil éblouissant que nous sommes arrivés à l’albergue de Tapia qui surplombe une plage de galets entourée de rochers. J’ai enfin pu prendre un bain de mer, pas très agréable pour les pieds mais bon pour la fatigue et le moral dans un paysage idyllique. J’ai pris beaucoup de photos de la mer, car demain nous quittons les Asturies pour entrer en Galice, et peu à peu nous enfoncer dans les terres.

2 octobre : de Taria de Casariego à Gondán
Ce matin, la mer a joué son grand jeu pour les dernières images de cette partie du chemin : des plages magnifiques à n’en plus finir, puis traversée de l’immense Puente de los Sentis (600m ) et nous voilà en Galice. C’est tout simplement à couper le souffle ! Claustrophobes s’abstenir car d’un côté, c’est un long grillage fermé qui nous sépare de l’autoroute, et de l’autre c’est la rampe à 35 m au-dessus de l’eau… À Ribadeo, de l’autre côté du pont, je retrouve le petit groupe habituel et nous décidons de continuer le plus loin possible. C’est ainsi que nous sommes ce soir à Gondán dans un refuge très sommaire avec douches et toilettes dehors. Le temps est fidèle à la Galice : grand soleil et tout à coup, les nuages nous tombent dessus. Le chemin est de nouveau difficile mais circule dans les grands eucalyptus et grande nouveauté : chaque borne directionnelle indique avec précision le kilométrage restant jusqu’à Compostelle…

PS L’entrée en Galice, la dernière province du parcours, mérite bien un petit complément de photos

3 octobre : de Gondán à Mondoñedo
Petite journée cocooning ! Départ dans la brouillasse et en montée, nous avons décidé une pèlerine allemande et moi de dormir en chambre double avec douche et toilettes au Séminaire de Mondoñedo. Nous avons également trouvé une machine à laver et un sèche-linge en ville et y avons vidé nos 2 sacs à dos. Le luxe ! Ce soir, nous faisons repas commun avec les autres qui se sont aussi arrêtés mais au gîte municipal…

4 octobre : de Mondoñedo à Castromaior
Normalement, deux chemins partent de Mondoñedo vers Vilalba, l’un étant plus court de 5 km. Malheureusement, je ne l’ai pas trouvé et j’ai marché seule cette étape de 24 km dans une campagne magnifique mais en montée constante. A., D. et A. m’ont contactée à midi pour savoir où j’en étais et me réserver un lit à Castromaior, donc pas de soucis pour ce soir. Journée ensoleillée, je peux dire que j’ai flâné… Je profite pleinement de mes derniers km surtout quand ils ont cette allure-là !
Hier soir, au repas, A. nous a annoncé qu’il existait un Camino ingles qui évite de faire le tronc commun avec le Frances et le Primitivo. Il se peut donc que je change mes plans car il y a encore beaucoup de monde et on sera peut-être plus tranquilles.
L’albergue de ce soir a ouvert en avril 2017. C’est un couple (psychologue et vétérinaire) qui a complètement aménagé une vieille bâtisse mais en restant dans l’esprit local. Tout y est pensé là aussi pour le confort du pèlerin.

5 octobre : de Castromaior à Baamonde
Belle journée de marche plate, le temps est à l’automne lumineux : champignons, colchiques, châtaignes,  tapis de glands qui craquent sous les chaussures… Plus trop d’arbres fruitiers accessibles mais des plantations de haricots et de choux. Des parcelles entourées de clôtures de pierres plates levées… Une petite note d’humour par-ci par-là dans la déco et la découverte de magnifiques cimetières gothiques. Un des mystères du chemin reste qu’on ne rencontre presque personne en journée et qu’on arrive dans des gîtes souvent pleins…

6 octobre : de Baamonde à Miraz
Ça y est, le compte à rebours est lancé à partir de Baamonde, mais il n’y a même pas de borne 100 km, c’est nul ! Aujourd’hui, j’ai eu beaucoup de mal à faire 15 km alors que j’en avais prévu 25 et que le guide en préconise 40. Mais j’ai attrapé le rhume et ça se répercute sur le rythme. Il ne reste plus que 85 km à faire et je dois retrouver Han à Arzúa pour faire les deux dernières étapes.

7 octobre : de Miraz à Sobrado dos Monxes
Aujourd’hui, ça va mieux et je suis quand même la dernière à partir pour faire les 25 km qui nous séparent de Sobrado dos Monxes et de son monastère. La Galice nous gâte, le matin est très froid et nous sommes couverts jusqu’aux oreilles mais bientôt le soleil se lève et c’est un vrai régal pour les yeux : flamboyance des couleurs bientôt atténuée par une petite brume puis un vrai brouillard qui rendent les paysages irréels. Quand nous arrivons à Sobrado, il faut attendre jusqu’à 16h30 et nous avons droit à un cérémonial d’accueil avec inscription, tamponnage de la crédential et conduite personnalisée dans le dortoir par le même moine. Ça prend un temps fou et nous n’avons qu’une hâte, c’est de prendre la douche, faire la lessive, les courses et visiter cet imposant édifice.
Au repas du soir, un groupe de Taïwanais s’est emparé de la cuisine et de toute la vaisselle. Pour nous, ce sera donc grande salade mixte et vino tinto…

8 octobre : de Sobrado dos Monxes à A Brea
Ça devient difficile de rendre compte des derniers jours… Ce matin, nous sommes partis pour une étape de 31 km pour rejoindre Han à A Brea, mais sans nous en rendre compte, il y avait 3 variantes qui mènent à Santiago et avons un peu pris des 3. Un beau méli-mélo qui nous a fait arriver au gîte vers 17h30, épuisés après avoir subi une rallonge de 6km dont cinq de montée continue…

De plus en plus, les messages affluent des pèlerins déjà arrivés ou sur le point d’arriver. C’est un échange constant et de grands moments.
Demain, ce sera notre tour, il nous reste 25 km pour arriver à Santiago et nous savons que nous serons attendus ! Je ne suis pas sûre d’être en état ou même d’avoir le temps de faire mon petit travail d’écriture comme j’ai essayé de le faire tout au long de ce périple. Je compte sur votre compréhension et ferai de mon mieux pour vous envoyer au moins quelques photos.

9 octobre : de A Brea à Santiago de Compostela

A R R I V E E !!!
Départ à 7h30 pour l’ultime journée ! On rencontre déjà des pèlerins car les trois chemins “marchent” ensemble : Primitivo, Francès, Del Norte. On suit la route très bruyante. Atmosphère malgré tout légère et bon enfant car nous voyons réapparaître des têtes connues. À midi, Alfredo nous apprend que sa tante nous attend pour une bière, ce sera bien plus que ça…

Un petit peu de mal à repartir pour gravir le Monte do Gozo un peu décevant. Descente vers Santiago sur le bas-côté d’une route à grande circulation et sous plusieurs ponts d’autoroutes, mais aussi remontée sur l’autre côté assez fatigante. On voudrait voir le bout du nez de la cathédrale !!! On n’a pas l’impression qu’il y ait grand-monde, mais enfin les abords de la cathédrale se font entendre (musiciens) et on arrive sur le parvis.

Enfin arrivés !

La cathédrale est en travaux, tant pis ! On s’embrasse, on fait des photos, ensemble, par groupes, seul, pour les autres… On se fait accueillir par ceux qui sont arrivés la veille. On est un peu étourdi, alors on s’assoit et on regarde les autres pèlerins arriver du portail Nord. On en reconnaît, on se congratule… Puis vient le moment où on se dit qu’il faut chercher la Compostella, et là, ça se complique ! Une queue tout autour du bâtiment et qui continue dans les escaliers, environ 3 heures d’attente sous le soleil. On commence mais on abandonne bien vite en se disant qu’on se lèvera tôt demain matin pour être dans les premiers et attendre au frais. On va donc à l’albergue qui n’est vraiment pas loin. Ce soir on se fera un beau repas d’adieu : tomates, mozzarella et carbonara accompagnées de vino tinto…

10 octobre : à Santiago de Compostela
Lever à 6h30 pour ne pas trop attendre la Compostela. A 7h00, il y a déjà 5 personnes devant nous. A 8h00, la queue en comporte plusieurs dizaines. Ça ouvre à l’heure et je suis là 6ème à passer. Sur les incitations des copains, je me fais faire une Compostela personnalisée avec point de départ et kilométrage (3€). Puis le préposé m’offre un bon-repas au Parador car c’est la coutume d’offrir le déjeuner aux dix premiers pèlerins de la journée. Une chance !!!

Du coup, petit déjeuner en ville puis retour à l’albergue. La messe des pèlerins ayant lieu à 12h, nous nous mettons en route à 11h00 et nous heurtons 5mn plus tard à une file d’attente d’au moins 100 mètres. On arrive à entrer et nous décidons de nous asseoir par terre. On ne pouvait pas rêver meilleure place ! Messe “animée” par une religieuse qui nous fait répéter les chants avec une voix à vous flanquer par terre. Entrée des prêtres et nous avons droit au botafumeiro, l’encensoir géant propulsé de main de maître par 4 officiants.

Nous sortons rapidement car le Parador (hôtel-restaurant de luxe) nous attend pour 13h00 : table dressée pour dix, salle feutrée, belle vaisselle, serveurs, on avait oublié que ça pouvait exister. Sensation de trop grande plénitude car c’est le premier jour sans marche et avec repas complet de midi.

Cet après-midi, on continue à dire au revoir, mais on accompagne tous les trois Daniella à la gare: trop dur de se séparer !

Voilà, c’est ma dernière petite note écrite. Demain, je vais à Muxia avec Han et après-demain, je m’embarque pour 32 heures de bus vers Strasbourg.

A très bientôt et MERCI sincèrement de m’avoir suivie. Vous ne pouvez pas imaginer le soutien moral que vous avez représenté, vous tous, visages connus et inconnus.

 

A Santiago-de-Compostela, en ce 10 octobre 2017

Annie

 

Fin de l’étape 7

Photos de l’étape 7
(diaporama automatique en fondu enchaîné)